Stigmate - Single-Channel Video
Le stigmate est la marque que porte quelqu’un touché dans sa chair par la dévotion de son âme. Les stigmates se voulant les cinq blessures du Christ crucifié. Plusieurs Saints se sont vus par la suite infligé ces blessures corporelles dans l’intensité de leur foi et les tourments de leur âme.

Le stigmate est donc le signe physique et corporel de quelque chose de spirituel. Lorsque la vie de l’esprit est telle qu’elle s’inscrit dans le corps. L’événement de l’esprit est pur, mais le corps n’est pas réceptacle disposé à le recevoir. La chair ne peut contenir cette intensité et cette énergie et s’en retrouve blessée. Ce qui est pur pour l’âme peut sembler impur pour le corps.

Le fond sépia d’une peau écranique est traversé par une coulée de couleur nocturne. Un tracé tragique recouvre et découd. Les écoulements sectionnent un corps, une peau picturale marbrée de sa propre disparition. Par une calligraphie corporelle, le stigmate fait son émergence dans un tableau vivant et évanescent.

L’encre de chine coule sur des surfaces blanches pour ensuite se superposer au corps. Il n’est donc pas surprenant que la picturalité surgisse de Stigmate. Mais cette picturalité s’est accentuée dans la composition de l’écran vidéo. La profondeur et l’aplat se côtoient coupés au couteau, sous les assauts liquides et encadrant une physionomie. Le ton sépia prenant la place du blanc, trop brillant dans son contraste avec le noir ; la teinte d’une ancienne photo, du passé, la surface devient une peau sur laquelle le corps s’imprime parfois.

Les écoulements se succèdent et laissent finalement entrevoir le corps dans la proximité duquel l’écoulement se pose ; côte à côte, une relation s’établit entre tracé noir et corps immobile, l’un étant la calligraphie imposée à l’autre. Sans pourtant qui y ait de contact direct, par la proximité et le frôlement, le corps subit les conséquences de l’encre de nuit.

L'écoulement se poursuit et le tableau se construit lentement. Le noir gagne du terrain et le corps se morcelle. Les coulées le traversent, parfois teintées du rouge sépia de l’image vieillie. À la fin, il ne reste que la main, et puis le noir. La vue remonte le long du tableau jusqu’à sa source et sa disparition.

Le stigmate s’instaure dans une tentative de réconcilier corps et âme, de sceller l’identité et la corporalité. La nudité du corps dévoilé en partie et dans sa totalité témoigne du corps pleinement accepté et assumé.
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