La Caryatide - Installation Video
La Caryatide

“Bertrand reclaims the female body by exploring legendary archetypes in new media installations. By emphasizing the female experience through a performed re-conceptualization of ancient myths, Bertrand turns canonical into important questions around cultural norms. In The Caryatid, one is confronted by the image of a young woman’s stained face and the image of a woman’s arm holding a sword. Between the two images, the audiences realize that the performer is struggling to hold a knight’s sword to the measurement of the golden mean. Burgeoning womanhood and the weight of expectations implicit are evoked by the title Caryatid, which were female sculptures used as architectural columns in Ancient Grec temples.”

Tatiana Mellema, Compression Show’s catalog at Gallery Art Mûr

Deux images se succèdent dans La Caryatide. La première, un gros plan de la tête d’une jeune femme regardant avec confiance en direction de la caméra. Elle ne bouge guère, immobile et vacillante, ses lèvres disant quelque chose sans mot, les soubresauts de paupières sur un regard brillant révélant ce qui n’est pas visible ; l’action passive. À la fin, son visage se crispant, elle tourne son regard à sa droite et puis un crash.
La seconde image sur la surface opposée du mur écran, présente un bras tenant une épée à l’horizontal. Le bras tremble et l’arme vibre, des réflexions dansantes couvrant sa lame. Ce fardeau est trop important ; le bras faibli et l’épée baisse. À la fin, la force failli et l’arme tombe avec un son de tonnerre lorsqu’elle touche le sol. Cette image seulement vue après la première révèle la source de tension présente sur le visage de la femme.
Soutenant sans flancher son propre fardeau, telle une caryatide sous un temple invisible. Restant statuaire, restant de pierre, contre le poids des siècles ou celui des secondes, immuable ou éphémère. La tension s’amplifie jusqu’à la défaillance et la chute. Le corps entier tremble en réponse à l’exigence pour ne pas que le bras défaille. Le visage de la statue ne peut guère réprimer la traduction de l’intensité de la tâche insoutenable lorsqu’elle se concentre pour pousser son corps à sa limite et résister à la douleur qui réclame repos.
Une rumeur terrible plane au-dessus des oreilles. Les vibrations du tonnerre s’accélèrent pour signifier l’intensité grandissante de la tempête et l’approche de sa fin dans un tremblement de terre. Jusqu’à ce que ce son retrouve son incarnation et son rythme véritable dans le contact entre l’acier et le béton.
La menace sourde ne plane pas au-dessus de la tête, telle l’épée de Damoclese, mais à bout de bras. La lame n’est pas suspendue par un cheveux, mais par un bras qui connaît sa forte et reconnaît sa faiblesse. Le corps est une colonne et un chemin de croix soutenant ses armes comme si la vie en dépendait, tenant l’arme sans s’en servir. Voilà le véritable combat. L’épée n’a plus d’importance en elle-même, elle devient autre ; la gravité prend forme. La règle d’or soutenue au bras ; cette même règle d’or selon laquelle les temples supportés de caryatide furent construits.
Une svelte beauté qui porte fièrement l’épée. Une femme forte qui fait sa place et soutient la tension avec endurance ; l’arme mâle dans la main délicate de la femelle. L’instrument actif porter par le bras droit, présenté dans tout son potentiel. La maîtresse d’arme lève l’épée à sa droite, mais regarde droit devant ; en confiance, elle lance un défi à ceux qui la regardent et qu’elle regarde en retour : « Soutenez mon regard comme je soutiens ce lourd fardeau. »
Elle soutient l’épée pendant moins de deux minutes, mais ce n’est pas la durée qui est importante, c’est le qui se passe entre l’instant de la levée et de l’échappée. Atteindre sa limite peu importe quelle qu’elle soit. Cette tension dont le climax est la chute du fardeau. Cette chute n’est pas un échec car elle est inévitable, elle doit arriver tôt ou tard ; c’est seulement la véritable fin, sa fin en soi.

Crédits
Performeuse : Anne-Cécile Balmier
Caméra et édition : Chloé Bertrand

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